Poïesis et Praxis

comme sens du phénomène de l’accompagnement

Est-il possible de concilier accompagnement, authenticité et intégration ? Question d’incessante actualité tant il est vrai que les diverses techniques de communication comme moyens principaux de l’accompagnement, à l’exemple du storytelling dans le néo-management, servent aussi à des fins de manipulation mercatique (consumériste) et idéologique (politique). Si les sciences de l’éducation ont théorisé et hissé l’accompagnement au rang de paradigme, cela ne l’exonère pourtant pas de tout soupçon, et notamment, de celui d’être le meilleur moyen institutionnel et interpersonnel de contrôle, de fatigue ou pire, d’insertion par assujettissement (en dépit de subjectivation ou d’agentivisation) ou d’inclusion par atomisation (malgré ou grâce à la personnalisation). D’où le questionnement sur le vrai sens de l’accompagnement que permet d’entrevoir à nouveau frais l’approche phénoménologique de l’auteur. En partant de l’axiome aristotélicien repris par P. Ricœur selon lequel le sens de toute pratique réside dans l’articulation d’une poïesis (dimension transcendantale du possible) et d’une praxis (dimension immanente de l’agir transformateur), l’auteur s’interroge sur le sens de cet anneau poïético-praxique en ce qui concerne l’accompagnement? A rebours de la réduction de l’accompagnement à une demande/commande sociale et des approches réifiantes (le cognitivisme, le détectivisme, le constructivisme, le constitutionnalisme), il démontre, in fine, par le moyen de la poésie panégyrique « kasàlà », la pertinence d’une approche poétique et re-constructiviste à travers laquelle les sens de l’accompagnement, des points de vue de la socialité (domaines sociopolitique, éducatif et médical) et de l’existentialité (plans existentiel et existential), se déclinent en termes d’intersubjectivité analogisante, de communication authentique, de dialogue des existences, de sollicitude restitutive et appropriante. Ainsi (éidetiquement) défini, l’accompagnement est (empiriquement et poétiquement) le lieu d’une circularité de la possibilité et de la réalité, des capacités et de l’effectuation, de l’affirmation originaire et du souci pragmatique, de l’essence et de l’existence, de la solitude et de la sollicitude. Une pratique poétique re-constructiviste de l’accompagnement étant en même une praxis poïetique du Soi et du Nous.

W. Betu Mulumba est agrégé de philosophie des Facultés Catholiques de Kinshasa où il a exercé comme assistant enseignant-chercheur. Après s’être ensuite spécialisé à l’Université de Limoges dans la recherche en Lettres et Langues, spécificité Etudes Francophones, domaine Textes, Langues et Cultures, il est passionné de recherche en sciences humaines et est professionnel du secteur de la formation et du conseil en insertion.