Une poussière s’élevait haut dans l’espace, ressemblant à d’énormes nuages aux couleurs fauves. La terre asséchée, une fois labourée, ne laissait paraître aucune trace d’humidité ; ce qui décida mon père à entreprendre des travaux d’irrigation plus importants. Durant ces journées de labeur, mon père rentrait harassé mais heureux devant la bonne marche du travail. Je levais la tête vers ce visage ruisselant, rougi par le soleil impitoyable, et, avec un regard admiratif vers cet homme si grand, habituellement gai, me blottissais contre lui. Pleine de tendresse devant ce papa si courageux, je nichais ma petite main dans sa grande main encore souillée de terre, et l’accompagnais jusqu’au puits où il s’aspergeait le visage de cette eau pure et fraîche. Tous ces hommes, outils en main, arrachaient et ramassaient les fruits avariés en ahanant, les manches de leurs djellabas retroussées jusqu’aux avant-bras. Ne formant qu’un seul coeur, ils entonnaient des chants mélodieux, s’arrêtant de temps en temps pour se désaltérer. Cette année 1952, mon père glissa un supplément dans leur enveloppe hebdomadaire, dés son installation dans la région, il bénéficiait déjà d’un grand respect de la part de ses ouvriers.