Petite fille. Petits riens.
Une petite fille sans nom, sans importance... appelée Elle, Aile, Mésange ou Pétiotà.
Comment trouver sa place entre une frangine chagrine, une mère amère, un père poitrinaire, une grand-mère autoritaire ? Comment grandir dans une banlieue saturée d’odeurs de levure industrielle et de pâte à papier ?
Qui est cette petite fille ? Est-ce moi ? Suis-je encore Elle ? Même un peu, un tout petit peu…
Les émotions de l’enfance ? Je les avais oubliées. Pourtant, j’en gardais une trace ténue. Enfouie. Secrète. Semblable à une très fine cicatrice que l’on ne voit plus. Des photographies découvertes, dans une valise abandonnée, m’ont permis de la rejoindre un peu. Une pointe de nostalgie pose peut-être son empreinte sur les instants retrouvés ? Un grain de candeur ? Une pincée de cruauté ? Tous ces petits riens, ces petits bouts de vie ont été écrits d’un seul jet, comme dans un souffle.
Petite fille de l’après-guerre, enfant de prolétaires, Claudine Créac’h est entrée dès 14 ans dans le monde du travail. Elle a exercé trente-six métiers. Elle est conteuse maintenant.